Hypertension pulmonaire associée à la gemcitabine : caractéristiques et évolution - 09/01/24
Résumé |
Introduction |
Les toxicités cardiaques et pulmonaires de la gemcitabine sont connues. Cette chimiothérapie anticancéreuse n’a que rarement été associée à une hypertension pulmonaire (HTP). L’objectif de notre étude était d’évaluer l’association entre la gemcitabine et l’HTP.
Méthodes |
Nous avons analysé les caractéristiques cliniques, fonctionnelles, radiologiques et hémodynamiques de l’HTP précapillaire confirmée par cathétérisme cardiaque droit chez des patients traités par gemcitabine à partir du registre français de l’HTP entre janvier 2007 et décembre 2022. Une analyse de disproportionnalité de la base de données de pharmacovigilance Vigibase® de l’OMS, a été réalisée par extraction de tous les cas rapportant des effets indésirables appartenant au requêtes MedDRA « hypertension pulmonaire » de la gemcitabine lorsqu’elle est considérée comme suspecte.
Résultats |
Nous avons identifié neuf cas d’HTP, induite ou exacerbée par la gemcitabine. Les patients présentaient une HTP précapillaire sévère, avec une pression artérielle pulmonaire moyenne de 40mmHg (26–47), une résistance vasculaire pulmonaire médiane de 6,3 (3,1–12,6) unités Wood et un index cardiaque de 2,4 (1,6–3,9) L/min/m2. Le délai médian entre l’instauration de la gemcitabine et l’apparition de l’HTP était de 7 (4–50) mois, les patients ayant reçu une médiane de 16 (6–24) injections de gemcitabine. L’arrêt de la gemcitabine chez tous les patients a permis des améliorations ou stabilisations cliniques et hémodynamiques chez 6 d’entre eux. Trois ce sont aggravés. Cinq patients ont été traités avec une monothérapie spécifique de l’HTAP. Dans la base de données de pharmacovigilance de l’OMS, nous avons identifié un signal significatif avec 109 cas rapportant au moins un événement indésirable lié à une HTP avec la gemcitabine.
Conclusion |
Les cas cliniques et les données de pharmacovigilance corroborent et permettent de suspecter une association significative entre l’utilisation de la gemcitabine et l’apparition ou l’aggravation d’une HTP précapillaire. Le mécanisme sous-jacent reste incertain. L’amélioration observée après l’arrêt du médicament souligne l’importance du dépistage de l’HTP chez les patients exposés à la gemcitabine et présentant une dyspnée inexpliquée.
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Vol 16 - N° 1
P. 49-50 - janvier 2024 Retour au numéroDéjà abonné à cette revue ?